Il y a si longtemps… Textes


Il y a si longtemps que je leur dis « Adieu ».
J’ai tenté tous les tons, tenté tous les diapasons.
Bientôt dans pas longtemps, je serai bois ligneux
Rien en travers d’un lent chemin de perdition.

Sourds, il n’ont rien entendu, rien de rien de rien.
De perte en perte, s’est écoulée ma vie hémorragie.
Trop loin depuis longtemps pour accepter des mains.
Je ris de l’inutile, du futile et souffle mes bougies.

Dieu qui n’existez pas, bientôt exaucez-moi.
Pendues sur cintres dans mon armoire
Attendent deux sublimes robes noires
L’une en dentelles, l’autre douillette pour le froid.

Quand sera le moment venu, le moment bienvenu,
A eux de m’y glisser, m’y caser sans rien me casser.
Enfin bouclée la boucle et lâché le dernier souffle ténu,
Exigeante encore, je serai droite et roide sans rien à expier.

Une dernière fois, seule dans ma gaine de sapin,
Exsangue, je me livrerai avec ferveur à la touffeur
Et rien n’avouerai sur ma fin entourée de purpurin
Où sucée, léchée, dévorée du téton à la moelle, serai un festin.

Flammes, flammèches, vous amuserez. De ma carcasse jouirez.
La conscience évanouie, depuis longtemps envolée en fumée
N’entendrai ma chair grésiller, ni sentirai le fumet du grillé.
Me convient de partir, charpente rongée, de dernière volupté, camée.

Alors enfin aérienne poussière, quelle extrême jouissance
De n’avoir plus ni faune, ni flore, ni humain à aimer.
Seules mes cendres s’en iront voguer sans souci de bienséance.
Alors enfin enfin l’extrême liberté de ne plus exister.

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