Je me suis faite très belle… Textes


Et je me suis faite très belle
pour m’en aller la longer
ma mère, la mer immortelle
qui gémit parmi les rochers.

Mes cils allongés de rimmel,
mes joues de poudre rosies,
j’ai profité d’une embellie
pour aller admirer l’éternelle.
Ma chevelure, flot de soierie,
recouvre mes orteils nacrés,
coquillages sur le sable posés,
alors qu’elle se plaint et me hèle.

Réclame-t-elle d’autres épaves,
de dormir en des roches concaves ?
Ma mère je ne te saisis point
même si tu cours entre mes doigts.

Tu es si ensorcelante et immortelle
quand en embuscade, tu lapes mes orteils
mais inclination prouvée, aussitôt tu te retires
et fantasque, une autre bâtarde tu vas chérir.

Vers toi je n’avance qu’avec prudence
car plus je m’approche et plus tu te retires
ou tu me poursuis sans bienveillance
alors que mon salut consiste à déguerpir.

Ma mer très belle, vous êtes éternelle,
je ne suis qu’une fille aux cils de rimmel
aux joues par les embruns rosies
qui aspire à se délecter de votre ambroisie.

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